vendredi 21 août 2009

En attendant d'embarquer...

C'est assez amusant ces périodes de vacances. Tout le monde est sur la route et avec certains tout le monde, les dites routes se croisent assez souvent. Ce fut le cas avec la bande des cinéastes. Partis de France il y a quelques mois pour rapporter au monde, en vrac, le prix du steak argentin, le malheur des coyotes (ou de leurs clients) et les abus répétés des affreux de la nomenklatura de l'agro-alimentaire mondial, ils ont eu la bonne idée d'avoir à quelque chose prêt le même programme que votre serviteur pour la fin de leur voyage. Une remonté à travers l'Amérique du nord dont les étapes voulaient correspondre.


Nous avons ainsi partagé quelques burgers dans un restaurant idéalement dénommé le Bareback (ça doit pouvoir dire autre chose, mais honnêtement j'avais l'esprit trop tordu pour y réfléchir) après une journée de surf à San Diego et quinze jours plus tard, nous descendions les pintes sur St Denis! C'est à ce moment que vint l'inattendue proposition d'aller se jeter d'un avion le lendemain même. Une bande de français fous, dont une bonne partie localisée, les avait pousser à ébaucher ce projet décadent. Le temps de décaler un rendez-vous du lendemain et j'acceptais de me joindre à eux.


D'habitude, je préfère piloter. N'importe quoi, même si ça vole, j'ai eu ma période pour ça. Depuis quelque temps, l'idée de reprendre le vol, en planeur ou en parapente, me travaille. Quant à sauter, j'y réfléchissait plus ou moins sérieusement, sachant que dans l'absolu: j'ai peur du vide! Etonnement, ça ne m'empêche pas de grimper, ou de faire le funambule quand je suis bourré. Mais par exemple, quand il s'agit d'attaquer le plongeoir de cinq mètre à la piscine municipale, ça finit souvent en retraite laborieuse à quatre patte sur la planche.


C'était donc l'occasion rêvée de voir se qu'on valait. Météo idéale, compagnie de qualité! Le lendemain, à l'heure dite (ou presque, mais ces fichus travaux partout...!) nous étions à l'aérodrome. Quelques tentes, des bâtiments préfabriqués et surtout l'ambiance détendue de joyeux fous qui s'épanouissent à l'abri des regards. Une décharge à signer, un numéro à laisser au cas où. Et puis attendre son tour, l'avion décolle et se repose, larguant à chaque fois son lot de passagers à 12 000 pieds. Les candidats sont appelés régulièrement à l'habillage, par des haut-parleurs à l'accent québécois. Notre tour. L'ambiance est légère et rigolarde, pas de tension accumulée: nous attendions tranquillement en jouant aux boules (Massillia Powa!). Puis le briefing, à l'écart de la foule, toujours détendu, mais l'isolement du groupe lui donne une tournure solennelle. Haut-parleurs: trois minutes. Les instructeurs viennent à peine de se poser du saut précédant, ils nous rejoignent, chacun le sien, déjà attribués. Français, canadien, finnois, néo-zelandais. Les deux derniers sont fous! Le mien, le canadien, plutôt calme. L'avion se pose, ne coupe pas, dernier check, on embarque, dans l'ordre inverse de saut. Je suis en deuxième ligne après les solos. Les deux fous déconnent abondamment, puis briefent leur binôme. Le français aussi. Le mien est silencieux. Il me montre juste son altimètre, régulièrement. Les lampes, trois minutes, enfin, il me briefe rapido. Rien de nouveau. A part la position de base, y'a pas grand chose à savoir!


La porte s'ouvre, les solos partent en hurlant. Le français part avec la collègue, les filles d'abord. Puis nous. Pas trop le temps de se poser des question, pas le temps de refuser le vide. Il pousse derrière. On est dehors. Je suis débile. C'est pas si pire. Le temps de se dire ça et on est stabilisé en chute libre. C'est é-nor-me! Je kiffe. Quelques secondes seulement: on ouvre à 5000 pieds, tout en douceur. Le bruit s'arrète. On enlève les lunettes. Le reste, c'est de la promenade et du jeu à faire des tours de manège en tirant sur les longes. Encore quelques minutes, on se pose, pis on regarde déjà l'avion repartir avec envie. Je sens que c'est pas le dernier!

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